jeudi 28 décembre 2006

L’interstice

Le corps frémit..
Ce n’était donc qu’un rêve, un si funeste rêve, que j’en frémis !!!
L’âme n’a t’elle donc pas de sollicitude, de compassion, n’accorde t-elle donc pas de rémission ?

Rêver serait-ce donc uniquement une farce nombriliste à caractère virtuel ?
Le réveil est donc plat, si plat, si incongru souvent plutôt que parfois, il ne vaut mieux jamais se détendre.

C’était pourtant tellement vrai, tellement tenu, si tendu, que l’image intérieure dépassait si puissamment la corruption de la pensée.
On se sent vaillant, si fort, si rigide dans l’action finalement virtuelle.
Cette force double est tellement vivace dans un esprit par habitude cadenassé.

Et bien non, il faudra faire ce combat si utile en état d’éveil, en état formaté, comme si la nature ne permettait finalement pas aux actes prodigieux de se révéler sur le mode élémentaire.

Arnaud Valeix

mercredi 27 décembre 2006

Le vent est ma lignée, et la pluie mon adresse

Avant que l’idée ne se heurte à la terre,
Avant que ne s’exhale l’odeur de la vase.
Je me suis promené au marché des calomnies,
Portant ma perte, Me donnant la mort.
Je suis Adam et Eve,
Je suis aussi Cain et Abel Descendant du péché originel
Et de l’union de l’iris avec la famille des exquis.

Je suis peut-être là, ou là-bas,
Je suis peut-être dans la sève d’un pin ou d’un cèdre.
Je suis peut-être une plume dans l’aile d’un corbeau,
Ou une particule enterrée dans les cendres d’un gisement de charbon chinois
Je suis peut-être une portion d’un fruit africain, ou d’un tronc d’arbre au Panana.
Je suis peut-être une obscurité qui enveloppe le Pole Nord
Ou peut-être un jour qui s’élève sur l’océan pacifique.
Je suis peut-être de la lignée mongole
Ou le descendant d’un tueur romain.

Oui, je suis peut-être d’une famille juive
Ou d’une famille bouddhique
Ou un rebut des peaux rouges
Ou une trace d’un Prêtre indien.

Qui croirait que les larmes aux yeux n’ont point changé,
Et que le vent d’automne ne traverse pas toutes les journées de l’année
Qui prouverait que la terre du cimetière n’a point habité les nuages de l’hiver du siècle ayant précédé la naissance de Socrate ?
Qui croirait que la chaleur qui a cuit le corps du pharaon Tahutmus n’est pas bien celle qui gate le visage de ma petite fille ?

J’appartiens peut-être à beaucoup de nations, et à tant d’hommes
J’ai peut-être des grands-mères russes et des tantes espagnoles.

Je suis certain que les eaux primordiales tournent entre cours d’eau et désirs charnels, Je suis sur que ma langue n’est pas mon corps,
Que le son des oiseaux n’est pas étranger au mouvement du vent et de la pluie Je ne suis pas l’Aujourd’hui, Je ne suis pas le Demain.
J’ai été peut-être un oiseau au temps des perses
Ou une Croix au temps de Constantin
Ou un glaive aux mains de Saladin
Qui me dirait qui je suis ?
Mon cœur est rempli de palpitation universelle
Mes pas m’acheminent à la demeure du feu primordial
Je ne suis point capable d’injurier l’étoile de Mars
Je n’ai point envie de désapprouver la trajectoire de l’étoile du Valentin
Je n’insiste point pour arrêter le souffle magnétique sur les ossements des ancêtres

Je porte en moi un éclat de l’arme du dieu Mars
Une lueur du feu de Prométhée
Je porte de versets de Coran Des Psaumes de David
Des cantiques de Paule Des chants sacres de Bouddha
Des paroles de Bahaâ
Je ne connais point le levant du zodiaque, ni le coucher de la création
J’ai commence à m’habituer à l’étonnement
Et à me transfigurer dans le miroir !!!

Je connais celui qui ne me connaît point,
Mon frère auquel ne me lie aucun lien, et qui n’a jamais entendu mon nom
Ma sœur est caucasienne

Ma tante est de Grèce
Les Turcs ont peut-être marqué ma voix
La mer a peut-être raffiné ma sauvagerie
J’ai peut-être donné naissance à un cultivateur français
Ou à un imposteur politicien en Italie.
Je suis peut-être venu du sol de Los Angeles
Ou de la terre d’Athènes
Qui connaît l’histoire de mon corps avant deux mille ans ?
Qui possède l’œuf du rock(1) dans sa main
Qui me dirait qui je suis ?

Je ne suis peut-être pas moi,
Je ne suis peut-être pas toi,
Je suis peut-être là, ou là-bas.
Tu viens peut-être de moi, et moi du sol de Mars Je ne nie point mon lien avec Zeus
Mais n’avoue point son sang dans mes veines.
Je ne nie point l’authenticité du fleuve, et ne cache point la mer dans ma garde-robe.
Le vent est ma lignée, et la pluie mon adresse.

Musa Hawamdeh
Traduction: Madany Guesseri
Grand Prix Teranova 2006 Fondation Oriani

L’ordre de la confusion

Si je suis l’origine
Le futur trouvera sa place
La mémoire
C’est l’art de mourir
L’art de l’oubli
De l’inutile

Si le tout n’est pas une somme
Le reflet
D’un mauvais espoir
C’est le hasard de la mémoire
La confusion d’un ordre libre

C’est l’art d’être un artiste
Qui fait combler le ciel
L’art d’être magique
Le calcul
C’est bien du viol
C’est bien l’échec
De la conscience

Mario Salis

Inspiré du livre : Panique – Manifeste pour le troisième millénaire de Fernando ARRABAL / Ed. Punctum Pour d’autres raisons

lundi 25 décembre 2006

Sacrifice panique / Fernando Arrabal & Mario Salis


Sacrifice panique le 12 - X - 74 après F.A. Opéra Mundi comporte 51 mouvements pour une durée de 1H48 minutes de rêve. Opéra Mundi sera brûlé le 12 Octobre à 20H11 en présence de Fernando Arrabal et Mario Salis le compositeur en mémoire de tous les morts vivants qui brisent l’essentiel. Ce sacrifice est un acte panique, une réelle purification de l'invisible musique de l'intérieur ! A partir d'aujourd'hui, Opéra Mundi sera joué tous les jours par l'orchestre symphonique des "anges - rats" sur les pavés de la rue du Paradis entre la quatrième et la cinquième dimension. Pour toute réservation veuillez vous adresser au cabinet de l' Eléphant blanc : Mister Time qui vous propose un rendez-vous tous les 25 ans, le 18 de chaque mois, à 18h18 devant ce qui restera de la Coupole de Saint Pierre de Rome

Fernando Arrabal est un dramaturge espagnol né le 11 août 1932 à Melilla, Espagne. Il vit en France depuis 1955.
Il a appris à lire et à écrire à Ciudad Rodrigo (Salamanque) (Prix national de "surdoué" à l'âge de dix ans), et a fait ses études universitaires à Madrid.
Dans son enfance il a souffert de la mystérieuse disparition de son père, condamné à mort puis évadé. A cause de ce traumatisme, comme l'a écrit le Prix Nobel Vicente Aleixandre, la connaissance qu'apporte Arrabal est teintée d'une lumière morale qui réside dans la matière même de son art.
Il a réalisé sept longs-métrages. Il a publié une centaine de pièces de théâtre, quatorze romans, sept cents livres de poésie, plusieurs essais et sa célèbre Lettre au général Franco du vivant du dictateur. Son théâtre complet, est publié en de nombreuses langues. En France : Editions Christian Bourgois et Actes Sud. En Espagne en deux volumes (plus de deux mille pages) : Colección Clásicos Castellanos des éditions Espasa.
Il est co-fondateur du mouvement Panique avec Roland Topor et Alejandro Jodorowsky, et Transcendant Satrape du Collège de 'Pataphysique depuis 1990.
Un théâtre fou, brutal, clinquant, joyeusement provocateur. Un potlatch dramaturgique où la carcasse de nos sociétés " avancées " se trouve carbonisée sur la rampe festive d'une révolution permanente. Il hérite de la lucidité d'un Kafka et de l'humour d'un Jarry; il s'apparente, dans sa violence, à Sade ou à Artaud. Mais il est sans doute le seul à avoir poussé la dérision aussi loin. Profondément politique et joyeusement ludique, révoltée et bohème, elle est le syndrome de notre siècle de barbelés et de goulags : une façon de se maintenir en sursis. Dictionnaire des littératures de langue française (éditions Bordas).